OTAN : la fin d’un tabou

En déclarant que l’OTAN était en « état de mort cérébrale », le Président de la République a osé briser un tabou, celui de la légitimité existentielle

Comment peut éclater un conflit nucléaire

« Nous sommes en 2020. L’armée russe effectue un grand exercice à Kaliningrad […]. Un avion d’observation de l’alliance occidentale traverse accidentellement l’espace aérien russe et est abattu par un missile sol-air. L’OTAN envoie des escadrons aériens et des navires de combat dans la région. Les deux parties préviennent qu’elles envisageront d’utiliser l’arme nucléaire si leurs intérêts vitaux sont menacés […].
Les deux parties étant en état d’alerte avancée, une cyberattaque d’origine inconnue est lancée contre les systèmes russes d’alerte rapide, simulant une attaque aérienne de l’OTAN contre des bases aériennes et navales à Kaliningrad. Ne disposant que de quelques minutes pour confirmer l’authenticité de l’attaque et face à l’absence de dialogue de crise entre l’OTAN et la Russie, Moscou décide qu’elle doit réagir immédiatement et lance des missiles de croisière classiques depuis les bases de Kaliningrad sur les aérodromes baltes de l’OTAN. En retour, l’OTAN intervient […] en frappant Kaliningrad par voie aérienne.
Voyant arriver des renforts de l’OTAN et craignant qu’une invasion terrestre de l’OTAN ne s’ensuive, Moscou conclut qu’elle doit intensifier la pression pour désamorcer la situation – en espérant interrompre le conflit et ouvrir la voie à un règlement négocié selon les termes de Moscou – et mener une frappe nucléaire à faible rendement dans des bunkers de stockage nucléaire sur un aérodrome de l’OTAN. Mais le calcul de désescalade s’avère illusoire, et un échange nucléaire commence ».

Quelle défense pour l’Europe ?

Avec l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, l’Europe doit s’interroger sur son propre futur au sein de l’OTAN, tribune de Paul Quilès, dans Ouest-France du 22 mai. A une semaine des élections européennes, les questions internationales demeurent largement absentes d’une campagne électorale dominée par la crise sociale. La Terre continue pourtant de tourner hors de France et d’Europe, et elle tourne mal. Les crises et les conflits, qu’ils soient militaires ou économiques, sont nombreux. Le Moyen-Orient, l’Amérique du Sud, l’Afrique, ou encore l’Europe, toutes les régions du monde sont touchées.

L’OTAN : 70 ans et après ?

L’OTAN traverse une crise existentielle profonde et qui semble, dans le contexte stratégique prévisible, durable. La question de la pérennité de cette organisation se pose donc avec acuité.Au-delà de la prise de conscience de cette perte de légitimité, il est urgent pour les pays européens et en particulier la France, de trouver les solutions qui permettront à l’Europe de faire face aux nouveaux enjeux de sécurité.    

L’OTAN A-T-ELLE ENCORE UN SENS ?

Bafouée, ignorée, soumise à la pression des États-Unis, l’Alliance atlantique, censée incarner la solidarité transatlantique face à la menace extérieure, est en droit d’éprouver un doute existentiel. La réaction des Alliés européens à ces défis demeure pour l’heure hésitante et timorée. Toutefois, la réflexion commence à s’imposer dans les milieux préoccupés des conséquences de cette situation pour la sécurité du Continent et celle du monde, tant le risque d’escalade vers le conflit nucléaire est désormais reconnu. Les solutions préconisées ne contribuent certes pas toutes à la cessation de la course aux armements, d’où l’importance du rappel de celles qui préconisent la réduction du risque nucléaire et le désarmement négocié.

Les contradictions nucléaires de l’OTAN

Lors du Sommet de l’OTAN les 11 et 12 juillet 2018, les 29 chefs d’Etat et de gouvernement membres de l’Alliance se sont accordés sur un renforcement de l’Alliance et sur la signature d’une longue Déclaration conjointe. La problématique du nucléaire militaire y est longuement abordée. Mais, à l’image de la crise de doute que traverse l’OTAN, les Etats se divisent sur les questions nucléaires. Les contradictions présentées dans la Déclaration, tout comme le maintien des armes nucléaires tactiques américaines sur le sol européen, mettent à mal la crédibilité de la dissuasion nucléaire otanienne comme garantie de sécurité.

Hubert Védrine : « La bataille nucléaire est une monstruosité à tout point de vue »

A l’occasion d’un débat organisé par la Fondation Jean-Jaurès à propos de son dernier livre, il a réaffirmé être « idéalement pour un désarmement nucléaire [et] pour que les Etats-Unis et la Russie, qui ont encore beaucoup trop d’armes nucléaires, se rapprochent du niveau de dissuasion minimum de la théorie française. […] On peut tout à fait supprimer l’armement nucléaire tactique en Europe, qui relève d’une conception de la bataille nucléaire qui est une monstruosité à tout point de vue. Par ailleurs, on pourrait réactiver le traité anti-missiles, qui a été dénoncé unilatéralement par les Américains. Cela pourrait faire partie d’une reprise de négociations avec la Russie »