Covid-19 : la faiblesse des États nucléaires en matière de sécurité internationale

Dans un monde ravagé par la pandémie de Covid-19, IDN soutient les appels du Pape François et du Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, en faveur d’un cessez-le-feu mondial. Il est urgent que les États prennent enfin conscience de la gravité de la catastrophe à venir si une action internationale de protection sanitaire n’est pas mise en place. Plus globalement, cette crise est révélatrice des faiblesses des États nucléaires en matière de sécurité internationale.

Le Pape François a appelé au cessez-le feu dans un contexte de pandémie de Covid-19
En pleine pandémie de Covid-19, le Pape François et l’ONU ont appelé à un cessez-le-feu mondial.

En dépit d’un silence quasi assourdissant des milieux politiques et des médias français, l’appel à un cessez-le-feu mondial et immédiat lancé par le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, s’avère avoir reçu un écho favorable en Syrie, au Yémen, au Cameroun et aux Philippines, des pays dévastés par les conflits.

Le pape François est venu dimanche 29 mars lors de l’Angélus s’associer à l’appel du chef de l’ONU et a plaidé pour que « l’engagement conjoint contre la pandémie puisse amener tout le monde à reconnaître notre besoin de renforcer les liens fraternels comme membres de l’unique famille humaine ».

Une crise alimentaire mondiale

Présent dans 205 pays, régions ou territoires, le Covid-19 ravage des Nations déjà en proie à des crises politiques, humanitaires ou écologiques. L’Iran, acculé par les sanctions américaines, est devenu un épicentre majeur de l’épidémie. En Afrique, où les systèmes de santé et les régimes étatiques sont fragiles, une majorité de pays n’aura pas les moyens de contenir la pandémie. L’ONU et l’OMC s’inquiètent d’ores et déjà d’un risque de pénurie alimentaire sur le marché mondial, entraînant crises économiques et famines.

Lors du sommet du G20 consacré à la crise sanitaire, António Guterres a réclamé une action internationale concertée et a insisté sur la solidarité avec les pays les plus vulnérables. Un plan d’aide aux pays les plus vulnérables est déjà en discussion dans l’hémicycle onusien. Pour faire face à « l’imminence d’un tsunami financier », la CNUCED demande un « plan Marshall pour le rétablissement de la santé » pour les deux tiers de la population mondiale vivant dans les pays en développement, à travers un programme de soutien de 2 500 milliards de dollars.

Une riposte multilatérale et coordonnée

Compte tenu de la détérioration de la situation mondiale, la nécessité d’une protection sanitaire mondiale doit aujourd’hui être au cœur des préoccupations de la communauté internationale. Seule une riposte coordonnée et multilatérale permettra d’endiguer cette crise multidimensionnelle. Selon le Secrétaire général des Nations Unies, « les réponses actuelles au niveau national ne répondront pas à l’ampleur et à la complexité mondiales de la crise ». C’est pourquoi il faut « une action politique coordonnée, décisive et innovante de la part des principales économies du monde ».

Si cette crise mondiale, inédite, met en avant la nécessité d’une politique sanitaire internationale, l’heure est venue pour la communauté internationale de s’interroger sur l’après coronavirus, sur la résilience de nos sociétés, sur le changement forcé de nos modes de vie et de nos politiques de défense face à des ennemis désormais non-étatiques et transnationaux, hybrides et parfois même invisibles.

Une défense qui n’est plus adaptée aux nouvelles menaces

L’heure est venue de s’interroger sur la pertinence de l’arme nucléaire face à ces nouvelles menaces, terroristes, cybernétiques ou sanitaires. La crise du Covid-19 est révélatrice de la faiblesse des États nucléaires en matière de sécurité internationale. Par des choix sécuritaires passéistes, les EDAN font primer une doctrine inopérante, puisqu’à l’inverse de ce qu’elle prétend être (une posture stratégique défensive), elle pousse les États vers la prolifération.

La course aux armements nucléaires a certes changé de forme. Il ne s’agit plus d’accumuler un maximum de bombes, comme lors de la Guerre Froide. Les États allouent désormais un budget colossal à la modernisation des armes nucléaires, à l’innovation pour des bombes toujours plus petites, toujours plus discrètes, autonomes et mobiles, mais toujours plus ravageuses. Ces bombes sont pourtant bien inutiles aujourd’hui pour protéger nos États et ses populations dans cette guerre contre un ennemi invisible.

Il est aujourd’hui primordial d’en finir avec ces armes du passé qui ne font que renforcer l’instabilité internationale. De même, il est urgent que la communauté internationale, et notamment les chefs d’État des pays du G20, se saisissent de la gravité des appels du Pape et de l’ONU face à une situation mondiale catastrophique.

Solène Vizier, membre du Bureau d’IDN, avec la collaboration de Selma Mansar.

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2 réponses

  1. Espérons en effet que les gouvernements retrouveront la raison à l’issue de cette crise. Mais les intérêts de la finance sur l’armement sont tels que l’on risque fort d’être déçus. Pourtant l’Etat français économiserait 7 milliards d’euros chaque année en suspendant le programme de recherche pour la modernisation de l’arme nucléaire. De l’argent qui serait pourtant beaucoup plus utile au système de santé !