Les bombardiers nucléaires US bientôt en alerte maximale ?

Traduction d’un article de DEFENSE ONE du 22 octobre 2017

By Marcus Weisgerber

Lire l’article en anglais

Le Général David Golfein, Chef d’Etat-major des forces aériennes américaines, était en tournée dans les bases du programme nucléaire aérien. Il a déclaré à cette occasion que, si l’ordre est donné, les B52 ressortiront en nombre comme on n’en a plus vu depuis la fin de la Guerre froide.

Sans viser une situation particulière, il a considéré que cela répondrait à la réalité de la situation géopolitique d’aujourd’hui. Il a spécifié néanmoins que l’ordre n’a pas encore été donné, mais que l’armée se prépare pour le jour où cela arriverait.

Cet ordre serait donné par le Général John Hyten, commandant de la division stratégique militaire de l’armée (STRATCOM *), chargé des armes nucléaires des Etats-Unis, qui travaille de concert avec la NORTHCOM **, la section chargée de la défense de l’Amérique du Nord.

Le retour des B-52 ne serait qu’une mesure parmi plusieurs pour tenter de faire face aux nouveaux dangers : l’avancée rapide du programme nucléaire de la Corée du Nord, l’attitude provocatrice de Pyongyang, ainsi que la montée en puissance d’interventions militaires russes. Goldfein demande donc à tous ses commandants d’essayer de trouver de nouvelles stratégies pour dissuader ou pour se battre.

Pour Goldfein « le monde d’aujourd’hui est un monde dangereux, où des chefs d’Etats parlent ouvertement de l’utilisation d’armes nucléaires ». Il considère que la stratégie militaire doit s’adapter au monde moderne multipolaire, qui ne ressemble plus à la rivalité bipolaire de la guerre froide.

C’est la raison pour laquelle Goldfein parcourt le pays, encourageant les forces aériennes à penser à de nouvelles façons d’utiliser les missiles balistiques intercontinentaux, les bombardiers et missiles de croisière. Goldfein admet toutefois que l’efficacité d’une mesure telle que la remise en service de l’avion B-52 dépend de l’identité de l’ennemi que les Etats-Unis auraient à affronter, et de son comportement.

Malgré les doutes du Général sur l’efficacité de la stratégie, la base de Barksdale (Louisiane)  a été en grande partie rénovée, notamment la caserne qui abritait les pilotes durant la Guerre froide. Plus de 100 lits y ont été installés pour garder les soldats sur place, ainsi qu’une salle de récréation avec télévision et table de billard. Sur les murs, on voit une silhouette de B-52 peinte, symbole de la Guerre froide, avec ce titre : « La Paix à l’ancienne ».

Bientôt les grands hangars vides des anciens B-52 seront occupés par deux avions de la commande nucléaire, le E-4B Nightwatch et le E-6B Mercury, qui servaient de centre de commande aérien durant la Guerre froide. Si l’ordre de tir est donné par le Président, ces avions serviront à transmettre les codes de lancement aux bombardiers, aux missiles balistiques intercontinentaux ou aux sous-marins nucléaires. Aujourd’hui au moins un E-4B est en alerte constante ; on le surnomme le « Doomsday plane » (l’avion de l’apocalypse) !

Plusieurs bases aériennes, dont Barksdale, se préparent à construire de nouvelles infrastructures. Elles accueilleront de nouvelles armes aujourd’hui en phase de développement. De plus, il serait envisagé de remplacer les 400 missiles balistiques intercontinentaux Minuteman III.

Goldfein considère que son travail est de trouver les meilleurs conseils à donner aux commandants stratégiques de l’armée. Il considère que, « si NORTHCOM ** ou STRATCOM * ont besoin qu’on soit en alerte maximale pour défendre le pays, alors c’est notre devoir de mettre ces forces préventives en place ».

*Le STRATCOM exerce un contrôle militaire sur l’ensemble des armes nucléaires déjà fabriquées des États-Unis.

**NORTHCOM (littéralement « commandement Nord des États-Unis ») est un des dix « Unified Combatant Command » dépendant du département de la Défense des États-Unis .

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