IDN était à l’ONU pour la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires

Le 26 septembre 2025, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, nous avons participé à la session spéciale organisée au siège des Nations Unies, à New York. Ce rendez-vous annuel se tenant en pleine semaine de haut niveau, a mis en lumière l’élan de la communauté internationale en faveur du désarmement nucléaire, et plus particulièrement les avancées concrètes du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Il a également rappelé combien la mobilisation d’un grand nombre d’États, notamment du Sud global, ainsi que de la société civile, devient un levier incontournable face à l’inertie des puissances nucléaires.

Cette journée a été marquée par deux annonces majeures : la signature du TIAN par le Kirghizistan et la ratification du traité par le Ghana. Ces nouveaux engagements portent à 99 le nombre total de pays parties ou signataires du traité, signalant ainsi une bascule symbolique : une majorité absolue d’États rejette désormais les armes nucléaires, non seulement en tant qu’outil stratégique, mais aussi au nom de principes éthiques et juridiques. La logique de dissuasion toujours défendue par certaines puissances est donc de plus en plus perçue comme obsolète, illégitime et incompatible avec les obligations du droit international humanitaire.

 

Des voix fortes venues du Sud global

Plusieurs délégations, en particulier celles issues du Sud global, ont livré des témoignages saisissants sur les conséquences humanitaires, environnementales et géopolitiques de l’arme nucléaire. Les Îles Marshall ont commencé par rappeler les séquelles toujours présentes des essais nucléaires sur leur territoire, évoquant notamment les malformations congénitales chez les enfants nés après les explosions. La Bolivie a dénoncé les dégâts irréversibles causés à la santé des populations et aux écosystèmes tandis que l’Indonésie a alerté sur les risques croissants liés à l’intelligence artificielle et aux nouvelles technologies, qui rendent le contrôle des arsenaux nucléaires encore plus instable. Le Qatar, pour sa part, a plaidé pour une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, insistant sur la nécessité de renforcer les mécanismes multilatéraux dans un contexte où certains États continuent de sacraliser l’arme nucléaire comme pilier de leur sécurité.

La Guinée a quant à elle exprimé ses préoccupations grandissantes face au manque d’efforts de la part des États dotés à remplir leurs engagements, appelant à une réaction urgente de leur part. Enfin, l’Afrique du Sud, qui présidera la prochaine conférence des États parties au TIAN en 2026, a rappelé qu’il est tout simplement inconcevable que ces armes puissent encore exister, 80 ans après Hiroshima et Nagasaki. Tout au long des différentes interventions, un seul message est apparu : il ne peut y avoir de vainqueur dans une guerre nucléaire.

 

Le TNP : une pierre angulaire qui ne suffit plus

De nombreux États ont réaffirmé leur attachement au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), considéré comme un socle fondamental du régime international de désarmement. Toutefois, beaucoup d’entre eux n’ont pas manqué de souligner les limites de ce traité aujourd’hui, pointant l’écart entre les engagements affichés par les puissances nucléaires et leur absence d’action concrète. Le TIAN est ainsi de plus en plus perçu comme un prolongement nécessaire du TNP, établissant une norme juridique claire et ambitieuse, fondée sur l’interdiction de la possession, de la menace et de l’emploi des armes nucléaires.

 

La France, grand absente

En cette journée marquée par un contexte de mobilisation internationale, l’absence de la France, fidèle à sa ligne de conduite, a été particulièrement remarquée. En refusant de participer aux discussions autour du TIAN, elle persiste dans une posture de déni stratégique. Cette attitude, partagée par les autres puissances nucléaires et certains de leurs alliés, contribue à accentuer leur isolement diplomatique face à un mouvement mondial qui ne cesse de s’élargir.

Historiquement, la France s’est toujours positionnée en faveur de la dissuasion nucléaire, considérée comme la « garantie ultime de la sécurité et de l’indépendance nationale ». Malheureusement, cette logique héritée de la guerre froide apparaît de plus en plus déconnectée des attentes de la société civile et de la dynamique onusienne en faveur du désarmement et de la paix.

Pourtant, la société française se mobilise activement. À ce jour, 99 villes et collectivités ont signé l’Appel des villes de la campagne ICAN, dont récemment Marseille et Stains, en Seine-Saint-Denis. Par ailleurs, 29 parlementaires français ont rejoint l’Appel des parlementaires pour le TIAN, parmi lesquels Mme Élise Vanaa, élue de l’Assemblée de Polynésie française. Cette dernière incarnant la mémoire des 193 essais nucléaires menés par la France en Polynésie entre 1966 et 1996, souvent dans l’opacité, et dont les conséquences sanitaires et environnementales ne cessent de hanter les populations locales.

Comme l’avait rappelé le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, « le monde doit emprunter une voie commune vers le désarmement nucléaire, dans l’intérêt de la sécurité mondiale ». L’absence persistante de la France lors de ces débats interroge donc non seulement sur sa vision du monde, mais aussi sur sa capacité à écouter les voix qui, sur son propre territoire, réclament plus d’intérêt et de cohérence.

 

Une dynamique mondiale à soutenir

Cette journée au siège des Nations Unies a illustré la montée en puissance d’une dynamique mondiale structurée, déterminée et de plus en plus difficile à ignorer. Si les États dotés d’armes nucléaires persistent à s’accrocher à une doctrine de dissuasion dépassée, la pression internationale ne cesse de croître. L’idée même que la sécurité mondiale repose sur la capacité à anéantir l’humanité devient de plus en plus intenable, tant du point de vue moral que stratégique.

À l’approche de la conférence des États parties au TIAN de 2026, nous poursuivrons notre engagement en faveur du désarmement nucléaire, aux côtés de la société civile et des États qui œuvrent pour un monde plus sûr. Un monde sans armes nucléaires n’est désormais pas seulement souhaitable, il devient possible.

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IDN

L’association Initiatives pour le Désarmement Nucléaire (IDN) a pour but d’œuvrer à l’élimination progressive et équilibrée des armes nucléaires de la planète, pour contribuer à l’édification d’un monde plus sûr.
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