Publié dans The National Interest
Alors que les tensions demeurent toujours élevées en Mer de Chine, l’expert en défense Kyle Mizokami tente de tracer les contours de ce qui pourrait être le plus grand cauchemar de Beijing : un Japon possédant l’arme nucléaire.
Bien entendu, Tokyo n’a pour le moment aucune intention de construire une telle arme. En effet son aversion pour celle-ci s’expliquant par le fait qu’il a été le seul pays à l’avoir subi. Dans le même temps, la Chine n’aurait pas d’intérêt à le pousser à se nucléariser. Cependant, nous ne pouvons pas savoir comment les choses pourraient évoluer.
Mizokami estime qu’un Japon nucléarisé construirait environ 300 têtes nucléaires. Etant un pays avec une forte densité de population urbaine, une attaque contre une poignée de ses villes pourrait suffire à tuer la majorité de sa population. Tokyo chercherait donc une capacité de seconde frappe capable d’infliger des dégâts similaires à ses adversaires.
Mizokami part aussi du postulat que le Japon n’investirait que dans un seul volet de la triade nucléaire. Des missiles terrestres poseraient des problèmes inhérents à la géographie du pays. La forte densité de population fait qu’il n’y a pas d’endroit suffisamment sûr et éloigné pour installer des silos et la proximité avec la Chine l’obligerait à doter ses missiles d’un système de lancement par alerte, susceptible de déclencher une guerre nucléaire par accident. Les avions bombardiers pourraient de leur côté facilement être détruits.
Reste la composante maritime, la plus probable. Le Japon choisirait de déployer 5 sous-marins nucléaires balistiques, chacun équipé de 16 missiles nucléaires. Chacun de ces missiles serait composé de 4 ogives de 100kt chacune, ce qui signifie qu’un sous-marin en patrouille embarquerait 64 ogives à lui seul. Il y a cependant là aussi des inconvénients, les sous-marins balistiques pouvant être difficile à contacter en situation de crise.