Après les beaux discours à l’ONU, nous attendons des actes d’Emmanuel Macron au sujet de l’arme nucléaire

Malgré le poids des mots à la tribune, voici le choc des réalités.

Article de Bernard Norlain et Paul Quilès dans l’Huffington Post du 22 septembre 2017

 

Le 19 septembre dernier, dans un grand discours prononcé devant l’Assemblée générale des Nations Unis, le Président de la République, Emmanuel Macron, s’est livré à un véritable plaidoyer pour le multilatéralisme et a évoqué de façon émouvante la nécessité d’entendre la voix des opprimés et des victimes, de prendre en compte les voix des nations étouffées ou brisées. Il a souligné que c’est une vision du monde qui nous protège de la loi du plus fort et que le multilatéralisme serait la méthode la plus efficace pour répondre aux défis de notre époque.

Mais cette vision réclame une cohérence entre les paroles et les actes pour être véritablement incarnée. Or, pourquoi la France continue-t-elle à ignorer les voix nombreuses qui s’élèvent dans le monde pour être entendues?

Ainsi, pourquoi la France s’oppose-t-elle au processus multilatéral qui a conduit au sein de l’ONU, à la rédaction d’un traité d’interdiction des armes nucléaires? Pourquoi méprise-t-elle la volonté exprimée par les deux tiers des États représentés à l’ONU, même s’ils ne font pas partie des « grandes puissances »?

Vouloir construire un droit international durable est une ambition louable, mais cela implique un respect des traités internationaux. Dans ces conditions, pourquoi la France ne respecte-t-elle pas ses engagements, notamment celui de l’article VI du Traité de non-prolifération*, par lequel elle s’est engagée à entamer un processus de désarmement nucléaire? Pourquoi, à l’inverse s’engage-t-elle, comme les autres pays nucléaires, dans une augmentation de sa capacité de frappe nucléaire en s’apprêtant à doubler les crédits affectés à son arsenal?

Non seulement elle participe, au mépris de ses engagements de lutte contre la prolifération, à une véritable course aux armements nucléaires, mais elle le fait aussi au détriment des forces engagées sur des théâtres extérieurs, qui souffrent d’un cruel manque d’équipements.

Si la lutte contre l’armement chimique est une ardente obligation, elle ne doit pas occulter la lutte contre les armes nucléaires, incommensurablement plus puissantes et plus meurtrières.

Le refus méprisant de participer à la discussion du traité d’interdiction des armes nucléaires et de prendre en considération le vote massif des États membres des Nations Unies n’est-il pas l’affirmation « urbi et orbi » de cette loi du plus fort que condamne le Président ?

Les paroles, quand elles se veulent porteuses d’une vision et d’une ambition, doivent être accordées aux actes. Sinon, elles s’envolent. Il ne reste plus que la loi de la jungle. Est-ce cela que la France souhaite ?

Bernard Norlain et Paul Quilès

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* « Chacune des Parties au Traité s’engage à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace. »

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