Publié dans Breaking Defense
Le spécialiste de la Chine Dean Cheng estime qu’avec la spectaculaire augmentation et diversification de son arsenal nucléaire, Beijing cherche à se mettre au niveau des Etats-Unis et de la Russie. Cette quête vers une force nucléaire de type « hégémonique » pourrait potentiellement signifier un tournant à 180 degrés vis-à-vis de la doctrine de la dissuasion minimale, qui prévaut encore officiellement.
En revenant sur la disposition des silos en construction, M. Cheng avance que la Chine pourrait émuler…les Etats-Unis. En effet, durant la guerre froide, les Etats-Unis avaient disposé leurs silos à missiles près les uns des autres, pour qu’une attaque soviétique sur ces derniers crée un nuage de particules et de débris à même de désarmer les attaques qui auraient pu suivre. Cependant, le fait que la Chine choisisse cette stratégie pourrait aussi révéler une vulnérabilité de ses missiles mobiles.
Il souligne également que la vision chinoise de la stabilité nucléaire est bien différente de celle de Moscou et de Washington. Le fait que les armes nucléaires empêchent les puissances qui en sont dotées de s’affronter directement est l’un des mantras de la dissuasion et ce, depuis la guerre froide. Cependant la Chine est peut-être l’un des meilleurs exemples pour démentir cette idée reçue, comme le prouvent le conflit frontalier sino-soviétique de 1969, ou encore l’affrontement meurtrier avec les troupes indiennes dans l’Himalaya l’an passé.
Un monde tripolaire serait, aux yeux de Cheng, une configuration très différente d’un monde bipolaire, surtout si deux des puissances choisissent de s’aligner contre la troisième. Il apparaît alors primordial d’inclure la Chine dans les discussions sur le contrôle des armements, et ce même si son arsenal reste pour l’instant modeste comparé aux Etats-Unis et à la Russie