Publié dans Australian Strategic Policy Institute
Le réarmement global en cours des puissances nucléaires suscite de manière légitime l’inquiétude des militants anti-prolifération. Pourtant, pour Paul Bracken, professeur de science politique à Yale, cette fuite en avant correspond en réalité une transition attendue et il y a des raisons d’être optimiste sur le futur du contrôle des armements, dès lors que celle-ci sera stabilisée. Il faut cependant penser aux nouvelles modalités dès maintenant.
Il explique que les mécanismes de contrôle des armements ont été crées à une époque à laquelle les vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale avaient reconstruit et dominé l’ordre mondial. Or cet ordre mondial post-Seconde Guerre Mondiale où l’Occident dominait, deviendrait peu à peu désuet, au profit d’un monde multipolaire. A ce titre le monopole occidental sur les technologies militaires avancées n’est plus. Le TNP est pour l’auteur un vestige de ce vieux monde, puisqu’il établissait dans le droit un deux poids, deux mesures, empêchant toutes les nations de posséder des armes nucléaires, à l’exception des cinq premières.
Le second facteur est le potentiel destructeur des armes nucléaires, dans le cadre d’une compétition accrue entre les Etats-Unis et la Chine. Si chacun est convaincu des gains négatifs que présenterait une destruction mutuelle assurée (conviction renforcée par l’expansion de l’arsenal chinois), alors il y a des chances pour que la Chine s’assoie à la table des négociations pour le contrôle des armements. En effet, il est possible dans le futur que Beijing voit les arsenaux de ses propres alliés nord-coréens, russes et pakistanais comme une menace pour sa sécurité nationale. Un monde multipolaire nécessite ainsi de repenser le système actuel.