Publié dans The New York Times
Dans cette tribune publiée dans le New York Times, le journaliste Peter Beinart estime qu’il est temps que les Etats-Unis cessent leur déni au sujet de la possession d’armes nucléaires par Israël, qui ne fait que décrédibiliser leurs efforts et discours sur les questions de non-prolifération.
En effet, l’administration Biden (dans la lignée de celles qui l’ont précédé) affirme à l’heure actuelle que le programme nucléaire iranien serait une menace existentielle pour la région et peut entraîner par effet de domino des pays comme l’Arabie Saoudite, la Turquie ou l’Egypte à acquérir la bombe, comme si elle était déjà une zone dénucléarisée.
Cette politique de déni remonte au pacte conclut en 1969 entre Richard Nixon et Golda Meir, à travers lequel les deux pays s’engagent à ne pas reconnaître la bombe israélienne. Washington s’engage à ne pas soumettre l’Etat hébreu à des inspections et ira même jusqu’à couvrir ses essais. Interrogé sur la possession d’armes nucléaires par Tel Aviv, Barack Obama déclarait en 2009 « ne pas vouloir spéculer ».
Refuser de reconnaître l’arsenal nucléaire ne fait que brouiller le débat sur la stabilité régionale, en particulier sur le dossier du nucléaire iranien. En effet, l’affirmation répétée qu’un Iran nucléarisé représenterait « une menace existentielle » pour Israël semble sous-entendre qu’il ne posséderait pas de capacité de « dissuasion ». Par ailleurs, seulement 50% des Américains estiment qu’Israël possède la bombe…soit moins que ceux qui pensent que l’Iran la possède.
L’administration Obama est même allée jusqu’à saboter diplomatiquement une conférence des Nations Unies pour faire du Moyen-Orient une Zone Exempte d’Armes Nucléaires. Ce deux poids deux mesures, qui soumet l’Iran à des contrôle plus stricts que ceux du TNP, tout en épargnant Israël, donne du grain à moudre aux partisans de la bombe en Iran, qui cherchent à se mettre au niveau de leur rival.