Aurait-il été possible de stopper le programme nucléaire nord-coréen ? Et le peut-on encore ?

Publié dans Foreign Affairs

Sue Mi Terry, ancienne analyste de la CIA, revient longuement pour le magazine américain Foreign Affairs sur la genèse de l’arme nucléaire nord-coréenne et son avenir. Elle explique de manière détaillée pourquoi, selon elle, il n’y a sans doute jamais eu de bonne option pour contraindre la Corée du Nord à abandonner son programme et pourquoi le régime n’est pas prêt à les abandonner de sitôt.

En effet elle souligne l’inconsistance de la politique américaine depuis les années 90, qui oscille entre diplomatie, ouverture, patience d’un côté et une pression intense accompagnée de fortes sanctions. Cette inconsistance fait qu’aucune approche ne se voit accorder le temps nécessaire pour porter ses fruits, alors même que leurs chances de succès sont minces. En réalité, la seule option qui aurait pu stopper à coup sûr le programme nord-coréen aurait été une intervention militaire, mais celle-ci se serait accompagnée d’un coup humain inacceptable pour la Corée du Sud. C’est pourquoi Bill Clinton y avait renoncé en 1994 et que cette option apparaît encore plus inenvisageable de nos jours.

Pour Terry, le seul gouvernement qui aurait pu faire la différence est le grand frère chinois, lui aussi agacé par le programme nucléaire de Pyongyang. Cependant, Beijing estime qu’il n’est à l’heure actuelle pas dans son intérêt d’aider dans la dénucléarisation de la péninsule, au risque que le régime s’effondre et qu’elle se retrouve avec des troupes sud-coréennes et américaines à ses portes.

En réalité, Sue Mi Terry estime qu’il est sans doute trop tard pour espérer une dénucléarisation du régime, puisqu’il a fait de la bombe son assurance vie. La diplomatie reste donc préférable à la force militaire mais il faudrait pour l’instant abandonner la dénucléarisation au profit d’un gel de ses capacités. Elle redoute cependant que les négociations échouent lors de la vérification. Pour l’ancienne de la CIA, l’administration Biden doit accepter deux états de fait : la Corée du Nord n’abandonnera pas ses armes tant que le régime sera au pouvoir mais aussi qu’un changement de régime mené par les Etats-Unis est inenvisageable, du moins sur le cours terme. Elle suggère à la place de graduellement affaiblir l’emprise des Kim sur la population, avec le recours à la propagande.

Pour finir, si elle estime improbable que Pyongyang se serve de ses missiles nucléaires contre les Etats-Unis, elle alerte en revanche sur le danger bien réel posé par la prolifération de matériaux et armes nucléaires, le régime étant connu pour renflouer ses caisses grâce au trafic d’armes.

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