Turquie : le bluff nucléaire ?

Les récentes déclarations du président turc Recep Tayyip Erdoğan sur la volonté de la Turquie d’acquérir l’arme nucléaire, dénonçant un système « injuste », alimente de vives inquiétudes quant à la prolifération nucléaire au Moyen-Orient. La Turquie possède un programme nucléaire civil, que certains analystes considèrent à risque. Dans un contexte de crise des relations américano-turques et de rapprochement avec la Russie notamment en matière de défense, le plus grand danger concernant le nucléaire en Turquie demeure la présence d’armes nucléaires tactiques américaines de type B-61 sur son sol. Dans le contexte de l’offensive turque contre les milices kurdes en Syrie, elles pourraient devenir un outil de négociation de poids pour la Turquie.

Pour en finir avec les armes nucléaires

Libération a publié le 28 août une tribune intitulée « En finir avec les essais nucléaires » co-signée notamment par Bruno Tertrais, Directeur adjoint de la Fondation

Comment peut éclater un conflit nucléaire

« Nous sommes en 2020. L’armée russe effectue un grand exercice à Kaliningrad […]. Un avion d’observation de l’alliance occidentale traverse accidentellement l’espace aérien russe et est abattu par un missile sol-air. L’OTAN envoie des escadrons aériens et des navires de combat dans la région. Les deux parties préviennent qu’elles envisageront d’utiliser l’arme nucléaire si leurs intérêts vitaux sont menacés […].
Les deux parties étant en état d’alerte avancée, une cyberattaque d’origine inconnue est lancée contre les systèmes russes d’alerte rapide, simulant une attaque aérienne de l’OTAN contre des bases aériennes et navales à Kaliningrad. Ne disposant que de quelques minutes pour confirmer l’authenticité de l’attaque et face à l’absence de dialogue de crise entre l’OTAN et la Russie, Moscou décide qu’elle doit réagir immédiatement et lance des missiles de croisière classiques depuis les bases de Kaliningrad sur les aérodromes baltes de l’OTAN. En retour, l’OTAN intervient […] en frappant Kaliningrad par voie aérienne.
Voyant arriver des renforts de l’OTAN et craignant qu’une invasion terrestre de l’OTAN ne s’ensuive, Moscou conclut qu’elle doit intensifier la pression pour désamorcer la situation – en espérant interrompre le conflit et ouvrir la voie à un règlement négocié selon les termes de Moscou – et mener une frappe nucléaire à faible rendement dans des bunkers de stockage nucléaire sur un aérodrome de l’OTAN. Mais le calcul de désescalade s’avère illusoire, et un échange nucléaire commence ».