Drones sur l’Ile Longue : la réalité du risque nucléaire

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     Les 26 et 27 janvier 2014, des drones ont survolé à plusieurs reprises et sans   contrainte le sanctuaire de la dissuasion nucléaire française, la base des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. Un acte supplémentaire qui démontre que  l’invulnérabilité de ce site n’est pas assurée. 

    La préfecture maritime de Brest a reconnu le mercredi 28 janvier que des  drones ont effectué des incursions sur l’île Longue, située en face de la ville de  Brest : « au cours de ces derniers jours, des drones ont été détectés à proximité du site de l’Ile Longue. Notre réaction a été immédiate. Nous avons déployé des moyens qui ont été visibles aux alentours ».

    Cette phrase n’est pas rassurante, car elle indique que ce n’est pas un mais bien plusieurs drones qui ont été au-dessus ou à proximité de la base sous-marine, à de nombreuses reprises et durant plusieurs jours, sans jamais avoir été inquiétés.

   La sécurité de cette base a été dénoncée à plusieurs reprises. En 2013, le journal Le Télégramme avait montré les nombreuses failles, comme des lecteurs d’identité de badges qui ne fonctionnaient pas, l’absence criante de contrôle de sécurité pour des véhicules réalisant des travaux rentrant dans la base, comme pour les personnels utilisant le fameux Transrad (navette maritime) qui assure la liaison entre Brest et l’Île Longue.

    Désormais, nous apprenons que la base qui abrite près de 80% des ogives nucléaires de l’arsenal nucléaire de la France ne dispose d’aucun moyen de détection autre que humain face à ce type de menace et d’aucune contre mesure efficace. Les moyens déployés ont été en effet très nombreux (principalement des fouilles de la gendarmerie aux abords du site), mais réalisés à posteriori.

    Les auteurs de ces faits n’ont pas été retrouvés. Mais il est certain que ces actions ont été bien préparées et que les drones utilisés disposaient d’une autonomie de vol, prouvant l’usage de systèmes évolués. En effet, il ne s »agissait pas dedrones d’enfants », pour reprendre la formule du ministre de la Défense lors de l’émission du « Grand Rendez-vous » Europe 1/Le Monde/ iTélé (8 février), car leur capacité technique est des plus réduites.

   N’oublions pas non plus que l’imagination des terroristes est telle qu’il paraît présomptueux de la part des autorités d’affirmer que des petits drones ne peuvent pas porter de charges explosives et mettre ainsi en danger un site militaire stratégique.

    Face à cette menace, le Ministre annoncé que « des travaux ont été lancés pour trouver le moyen de neutraliser ces drones », ajoutant que « dans le domaine de la défense, il faut sans arrêt être en anticipation ». Qu’il me soit permis de faire remarquer que jamais avant ces incidents graves, « le drone » (disponible depuis plusieurs années en vente libre) n’avait suscité de réflexions sur sa nuisance possible au sein des responsables de la sécurité de ces sites stratégiques !

     Il est donc urgent que des moyens sécuritaires soient mis en place sur l’ensemble des sites nucléaires militaires, pour éviter à nouveau ce type d’intrusion. De plus, les populations riveraines doivent être pleinement mises au courant des risques qui pèsent sur elles avec la présence de ces installations nucléaires militaires.

     Depuis deux ans, un cycle de conférences s’est déroulé à Oslo (2013, avec 126 Etats), à Nayarit (2014, avec 146 Etats), à Vienne (2014, avec 158 Etats) portant sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires. Ces Etats ont été informés que des centaines d’accidents susceptibles d’entraîner une détonation nucléaire ont été évités de justesse, principalement grâce au facteur « chance ». La France, elle, n’a jamais voulu prendre part à ces conférences.

      Souhaitons que cette alerte donne l’opportunité à nos parlementaires de s’interroger sur la réalité de la sécurité des armes nucléaires et du danger qu’elles  font courir à la population française.

Jean-Marie Collin

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