Après la conférence de presse du Président de la République
Je me félicite de l’initiative prise par François Hollande de rencontrer dès cet après-midi le Président ukrainien et, demain, le Président russe. L’aggravation de la situation à l’Est de l’Ukraine exige en effet de rechercher rapidement les voies d’une désescalade, pour éviter des enchaînements susceptibles de conduire à des affrontements armés d’une extrême gravité. J’approuve d’autant plus cette démarche qu’elle correspond à celle que j’ai proposée à la suite de la réunion du 12 décembre dernier à Londres, organisée par ELN, à laquelle j’ai participé et qui rassemblait des anciens ministres européens de la défense et des affaires étrangères (notamment russes).
La situation est d’autant plus sérieuse qu’elle risque, selon les termes mêmes du Président de la République, de déboucher sur une « guerre totale ». Or cette guerre totale impliquerait un pays nucléaire (la Russie).
Mais, quand il a évoqué l’arme nucléaire, François Hollande n’a pas parlé de ses risques. Il a annoncé une modernisation de l’arsenal nucléaire français, « autant que nécessaire », comme si le contexte international n’avait pas radicalement changé depuis la fin de la Guerre froide. Il en est resté aux dogmes, considérant que le débat était clos.
Je regrette donc ce refus de réviser la position de la France à l’égard de la dissuasion nucléaire. La politique actuelle, qui ne fait l’objet d’aucun débat, est l’héritage d’un monde ancien. Coûteuse et inefficace, elle s’appuie sur des dogmes, par définition non contestables, ce qui fait de la dissuasion nucléaire une véritable religion. Étonnante attitude dans un pays laïque, où, le Président l’a rappelé ce matin, il n’y a pas de religion officielle!
L’arme nucléaire reste un danger, tout particulièrement dans un monde instable. La priorité ne doit pas être de la développer mais d’empêcher sa prolifération, de prémunir le monde contre son emploi et à terme d’aller vers son élimination sous contrôle international. La prochaine conférence d’examen du Traité de Non-prolifération examinera ces sujets en avril-mai 2015. Il faut espérer que la contribution de la France sera à la hauteur de ses responsabilités dans le monde, qu’a encore rappelées le Président de la République.