Nucléaire iranien : scénarios, prospective et conséquences
Maximilian Hoell, chargé de mission et chef de projet au sein d’European Leadership Netword (ELN), explore les scénarios possibles et les conséquences si l’Iran cessait de se conformer à l’Accord de Vienne ou au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). A travers l’étude de trois scénarios potentiels, il démontre qu’un retrait de l’Iran du JCPOA entraînerait une détérioration instantanée de l’environnement de sécurité régionale, avant d’établir un certain nombre de recommandations pour les pays européens sur la gestion de la situation.
Sommes-nous « entre-deux-guerres »?
S’apprêtant à commémorer le centenaire de l’armistice de 1918, le Président de la République vient de faire une déclaration dans Ouest France qui m’a choqué. Parler, comme il l’a fait, de ressemblance entre les évènements que traverse actuellement le monde et ceux de « l’entre- deux guerres » néglige en effet les considérables évolutions qu’ont connues la planète et l’humanité depuis cette époque. (…). Il est hasardeux (…) de suggérer, en s’appuyant sur l’adage selon lequel « les mêmes causes engendrent les mêmes effets », que l’Europe pourrait connaître prochainement une guerre, qui serait certainement mondiale. (…).
Réduire d’urgence le risque de guerre nucléaire
L’annonce du retrait américain du Traité INF soulève une vague d’inquiétude, mais ne fait que s’inscrire dans la ‘Nuclear Posture Review’ (NPR) du président Trump, qui préconise un renforcement des capacités nucléaires des Etats-Unis de nature à abaisser le seuil d’emploi de la force de frappe. En réaction, une organisation composée d’anciens dirigeants civils et militaires vient de proposer une alternative. Son but : réduire d’urgence le risque de guerre nucléaire en favorisant la décrue puis la disparition des arsenaux nucléaires. C’est la même approche réaliste et progressive qui inspire les propositions d’IDN.
La dissuasion nucléaire : un modèle de défense inefficace et dangereux
Garantie ultime de la sécurité des Etats depuis 1945, le principe de dissuasion nucléaire demeure au cœur des stratégies de défense des neufs Etats dépositaires du nucléaire militaire. Ceux-ci continuent de cadenasser le débat et se refusent à tout abandon de l’arme nucléaire alors que la dissuasion nucléaire est aujourd’hui remise en question. En 2017, 122 Etats de l’Assemblée Générale de l’ONU ont adopté un traité visant à interdire les armes nucléaires. Déconstruisant les arguments en faveur de l’armement nucléaire, notre article vise à prouver que la dissuasion nucléaire est un système rendu dangereux et inefficace par les nouvelles menaces de notre environnement stratégique.
Sanctions américaines contre l’Iran : des solutions peu efficaces
Depuis le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien en mai 2018, l’Iran, l’Union Européenne, la Chine et la Russie tentent tant bien que mal de préserver l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPOA). Les iraniens ont accepté de rester dans l’accord tant que leurs intérêts nationaux seraient garantis. Les sanctions économiques imposées unilatéralement par les États-Unis menacent aujourd’hui l’accord, et tous sont à la recherche d’une solution pour contrer l’extraterritorialité des lois et sanctions américaines. La saisine de la Cour Internationale de Justice (CIJ) par l’Iran et l’instauration de canaux de paiements indépendants du dollar par l’Union Européenne sont des mesures symboliques fortes mais leur efficacité reste à prouver.
Corées : un petit pas vers la dénucléarisation ?
C’est une première dans le dossier nucléaire nord-coréen : mercredi 19 septembre, Kim Jong-un, le dirigeant de la Corée du Nord, a pris des mesures concrètes en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne lors d’un sommet à Pyongyang avec son homologue sud-coréen, Moon Jae-in. Pourtant, alors que les négociations avec les États-Unis sont au point mort depuis juin, ces engagements sont à relativiser. Ils demandent peu de concessions à la Corée du Nord qui essaie de maximiser ses profits en opposant dans les négociations Washington et Pékin.
Missiles hypersoniques et dissuasion nucléaire : un jeu de poker dangereux
Les États-Unis font mine de s’inquiéter du futur déploiement par la Russie et la Chine de missiles hypersoniques capables de neutraliser toute défense antimissiles alors même qu’ils investissent eux aussi dans cette technologie. La confiance dans la dissuasion nucléaire pour empêcher une première frappe était déjà passablement affaiblie par le recours à la défense antimissile. L’escalade résultant de la course actuelle au contournement de cette défense est un pari dangereux qui ne peut qu’encourager l’offensive et conduire au cataclysme mondial.
Helsinki : les deux présidents ont jugé utile et nécessaire de discuter du désarmement nucléaire
Lors d’un sommet historique à Helsinki le 16 juillet 2018, le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine se sont entretenus pendant deux longues heures sur la situation du monde et des relations entre leurs deux pays. La question nucléaire faisait partie des dossiers clés à aborder par les deux hommes. Perçue comme une occasion unique d’inverser la spirale dangereuse de la concurrence nucléaire et de stabiliser les relations nucléaires, la rencontre, à défaut d’amener des actes concrets, a permis de renouer le dialogue en matière nucléaire.
Les contradictions nucléaires de l’OTAN
Lors du Sommet de l’OTAN les 11 et 12 juillet 2018, les 29 chefs d’Etat et de gouvernement membres de l’Alliance se sont accordés sur un renforcement de l’Alliance et sur la signature d’une longue Déclaration conjointe. La problématique du nucléaire militaire y est longuement abordée. Mais, à l’image de la crise de doute que traverse l’OTAN, les Etats se divisent sur les questions nucléaires. Les contradictions présentées dans la Déclaration, tout comme le maintien des armes nucléaires tactiques américaines sur le sol européen, mettent à mal la crédibilité de la dissuasion nucléaire otanienne comme garantie de sécurité.
Hubert Védrine : « La bataille nucléaire est une monstruosité à tout point de vue »
A l’occasion d’un débat organisé par la Fondation Jean-Jaurès à propos de son dernier livre, il a réaffirmé être « idéalement pour un désarmement nucléaire [et] pour que les Etats-Unis et la Russie, qui ont encore beaucoup trop d’armes nucléaires, se rapprochent du niveau de dissuasion minimum de la théorie française. […] On peut tout à fait supprimer l’armement nucléaire tactique en Europe, qui relève d’une conception de la bataille nucléaire qui est une monstruosité à tout point de vue. Par ailleurs, on pourrait réactiver le traité anti-missiles, qui a été dénoncé unilatéralement par les Américains. Cela pourrait faire partie d’une reprise de négociations avec la Russie »